D'après des recherches généalogiques de S. Servel, C.
Rodriguez-Maffiotte.
Jean MAFFIOTTE est pêcheur, il est né à Aigues-Mortes en 1699
dans une cabane située vers l'actuel boulodrome. Antoinette ESPESSEL,
elle aussi fille de pêcheur, est née non loin de là en 1702
et c'est tout naturellement qu'en 1726 ils se marient et sont loin à ce
moment là de s'imaginer qu' un de leur nombreux petits enfants aurait un
destin assez mouvementé mais déterminant pour la survie du nom.
Une douzaine d'enfants naîtront de cette union, peu survivront.
L'insuffisance des ressources, l'insalubrité constante, les caprices
ruineux du Rhône, du Vistre, du Vidourle et les épidémies,
dont celle de 1744, font d'Aigues-Mortes un lieu peu enviable.
En 1751 Antoinette met au monde un petit Pierre, il sera pêcheur lui aussi,
il épousera Marie MILLIER, fille de poissonnier en 1781. C'est le 11
décembre 1786 que naîtra le petit Michel Barthélemy
MAFFIOTTE, les enfants feront leur prime jeunesse pendant les temps tumultueux
de la révolution française.
Les conditions de vie à Aigues-Mortes sont toujours très
difficiles, il n'y a pas assez de travail ici et il faut élever et
nourrir les enfants qui arrivent au rythme d'un tous les 18 mois en moyenne.
Ils quittent alors Aigues-Mortes pour se faire embaucher à la manufacture
de tabac de Sète.
Pierre qui occupe un poste de ''bayle'' peut assurer un certain confort a la
famille. En 1800, à l'âge ou les enfants prennent le chemin de
l'usine, des champs ou du port, Pierre décide que son fils Michel,
passionné par la mer et les bateaux, ira à l'école de
navigation de Cette (Sète 34) .
En Juin 1804, Michel MAFFIOTTE reçoit sa ''billette'', l 'EMPEREUR
l'appelle pour son service militaire qui est d'une durée de 5 ans. A
l'époque, la durée du service est proportionnelle aux ambitions
conquérantes du petit Corse (de taille).
Le 14 juillet il se rend à Toulon ou il embarque le 22 du mois, à
bord de " L'Indomptable " en qualité de timonier..
Le 17 janvier 1805 le navire armé de ses 80 canons et ses 700 hommes
d'équipage appareille.
L'escadre est commandée par le vice amiral Villeneuve. Cette force
comprend 11 vaisseaux et huit frégates. Les premiers exercices ne sont
pas concluants et ses marins peu entraînés après plusieurs
années à quai, souffrent du mal de mer.
L'escadre appareille le 30 janvier pour les Antilles qu'elle atteint le 13 mai.
Elle reprend aux anglais le rocher du Diamant. L'escadre regagne l'Europe. Le 22
juin 1805, l'Indomptable participe au combat de Saint Vincent. Ce sont les timoniers de l'Indomptable qui annoncent les anglais. Après une vive canonnade, profitant de la
brume, les anglais rompent le combat.
Après six mois de mer, l'escadre , très éprouvée,
mouille en baie de Cadix. L'amiral Villeneuve qui veut une victoire rapide sur
mer afin de contenter l'empereur, part à la recherche des anglais. Il les
trouvera devant Trafalgar. le 20 octobre. L'Indomptable, placé sur la ligne des vaisseaux espagnols entre le San Justo et le
Santa Anna engage le Revenge, le Dreadnought et le Thunderer. L'Indomptable quittera le combat en même temps que les espagnols. Il recueillera les
rescapés du Bicentaure et se rend à Rota. A bord se trouvent 1200
hommes (700 de l'équipage et 500 rescapés).
Durant la nuit du 24 au 25, il rompt ses amarres et est drossé à la
côte. Sur les 1200 hommes, 150 auront la vie sauve.
Ainsi s'achève la brillante carrière du vaisseau de 80 canons, qui
du combat de Prairial à Trafalgar a fait noblement son devoir. Il n'aura
pas été vaincu par l'ennemi, mais disparut pavillon haut,
détruit par l'ouragan.
Parmi les 150 rescapés se trouvent notre petit Michel Maffiotte, il va
errer pendant 4 jours avant d'être recueilli par le vaisseau
français ''Le Neptune''. nous sommes alors le 29 octobre 1805.
Prétextant garder les côtes espagnoles, une forte armée
française (100 000 hommes) s’installe en Espagne.Une partie de la flotte
française composée de 5 bateaux dont le Neptune va rester au
mouillage dans la baie de Cadix jusqu'en 1808, l'équipage se partage le
temps entre les tours de garde et l'entretien du navire. Les jours de repos se
prennent à terre et c'est là que beaucoup de marins sympathisent
avec la population locale.
Le reste des troupes françaises est contraint à la capitulation
(22 juillet 1808).
Michel lui a pris pour habitude de se rendre à ''Puerto de Santa Maria''.
Il y apprend l'espagnol.
Charles IV et son fils Ferdinand sont contraints à renoncer au
trône d'Espagne au profit du frère de Napoléon, Joseph. Le 2
mai 1808, des émeutes éclatent à Madrid puis dans tout le
pays. Les troupes françaises sont partout isolées et les Anglais
soutiennent les Espagnols et les Portugais avec des armes, de l’argent et des
troupes.
Les marins français de la baie de Cadix sont attaqués par la
flotte espagnole le 10 juin et se rendent face à la
supériorité de l'adversaire. Le 14, Michel MAFFIOTTE est
emprisonné et dira plus tard:
<<je ne ferai pas de récit de ce qui m'arriva après le
catastrophique naufrage, ni ma réclusion, ni les cachots et toutes mes
autres mésaventures>>.
Le 1° juillet, Pierre, son père se meurt dans la ville de Cette on
ne sait quand il l'apprendra.
Le 25 avril 1809, Michel, 500 de ses compatriotes et compagnons d'infortune sont
embarqués à bord du vaisseau ''Le San Lorenzo''. le 11 mai le
navire mouille au large de Santa Cruz de Tenerife (Canaries). Le 13 ils sont
débarqués sur l'île, à Candelaria,et en texte
intégral, Michel écrira
:<< Le 7 juin, parti de Candelaria pour Sainte Croix. On a fait la route
à pied. Je crois que je ne l'oublierai jamais.>>.
Il n'y a qu'une vingtaine de kilomètres entre les deux bourgs, mais pas
d'autoroute...
Les prisonniers du camp de Santa Cruz sont bien accueillis par les
autorités et la population locale.
Notre Ventre Bleu en exil aura un peu de chance quand il rencontrera et
sympathisera avec un commerçant local qui lui donnera du travail et le
goût du commerce.
En 1810, il rencontrera la belle Maria del Carmen AROCHA, agée alors de
25 ans. Les beaux yeux de l' insulaire, les paysages féeriques et un
climat paradisiaque feront que Michel en 1812, à la fin de la guerre
entre l' Espagne et la France , ne retournera pas au pays.
Cinq enfants naîtront de cette union, Miguel 1812, Pilar 1813, Pedro 1816,
Enrique 1819 et Carlos 1822.
Michel et Maria ne pourront pas se marier religieusement, il ne possedait pas
d'acte de baptème,car perdu au cours de la bataille de Trafalgar .
Le 27 Novembre 1828 Maria décédait.
Lors de fréquents déplacements entre les diverses iles volcaniques
des Canaries, Michel rencontre un français du nom de Sabin BERTHELOT
à qui il raconte son histoire.
En 1835 Michel, devenu Miguel MAFFIOTTE y MILLER, crée et devient tout
naturellement le 1° directeur de l' Ecole Nautique de Santa Cruz de
Ténérife. Ensuite il fut le fondateur de la chaire de
français et professeur de la même langue à la ''junta de
comercio de Ténérife. (Assemblée commerciale)
M. BERTHELOT, homme de lettre publira plus tard, après de nombreux
échanges de courrier avec son ami Michel MAFFIOTTE, ''Histoire Naturelle des Iles Canaries". contenant les Miscellanees Canarienes( 1839 ). L' histoire du timonier de
l'Indomptable y est narrée fidèlement et avec force
détails..
Napoléon III le décorera de la Médaille de Sainte Héléne . Cette médaille fut attribuée à tous les combatants français ayant participé aux guerres imperiales, entre 1792 et 1815, et vivants en 1857.
Pédro MAFFIOTTE-AROCHA, digne fils, continuera de porter haut le nom de la famille. Attendons un peu , cela fera l'objet d'un prochain épisode.
A Aigues-Mortes, la derniere à porter le nom de MAFFIOTTE était
Firmine Elisabeth épouse de Pierre SOL, décédée le
9/11/1872.
il semblerait que le nom ne soit plus sur le territoire national, mais nous le
retrouvons sur les Iles Canaries bien sur, en Espagne et en Amérique du
Sud.
Peut être avez vous un peu de sang de Jean et Antoinette si vous portez
les nom de Boulary, Gros, Lambertin, Servel ou Sol.
Comment le savoir ? Si vous vous posez la question, alors il est temps de
commencer votre arbre généalogique.
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